Bangladesh: des journalistes protestent contre les attaques à l'encontre de deux journaux par des émeutiers
Plusieurs dizaines de journalistes du Bangladesh ont manifesté lundi à Dacca pour protester contre les incendies criminels ayant visé les locaux de deux journaux lors des violences qui ont éclaté après l'annonce de la mort de l'un des chefs de la révolte étudiante de 2024.
Des journalistes et employés de la presse ont formé une chaîne humaine, brandissant des pancartes condamnant les attaques contre "la liberté de la presse" et les "valeurs de la démocratie".
Après l'annonce jeudi du décès de Sharif Osman Hadi, gravement blessé le 12 décembre dans une une tentative d'assassinat, des foules en colère ont attaqué les bureaux du Prothom Alo et du Daily Star, incendiant et saccageant les bâtiment de ces deux journaux, les plus importants du pays. Les manifestants les accusaient d'être alignés sur l'Inde, qui était favorable à l'ancienne Première ministre bangladaise déchue, Sheikh Hasina.
Sharif Osman Hadi, considéré comme un détracteur de l'Inde, avait été l'une des figures de la révolte étudiante contre Sheikh Hasina qui s'est enfuie dans ce pays après avoir été chassée du pouvoir.
Nurul Kabir, rédacteur en chef du quotidien New Age, a déclaré lors du rassemblement que les assaillants avaient tenté de brûler vifs des journalistes.
"Ils ont mis le feu aux bâtiments alors que les journalistes travaillaient à l'intérieur et ont empêché les pompiers de procéder aux opérations de secours", a-t-il ajouté.
"Ils ont clairement affiché leurs intentions: brûler vifs les dissidents", a-t-il affirmé.
M. Kabir, qui a tenté de porter secours aux journalistes piégés sur le toît, a affirmé avoir été lui-même attaqué pendant cet incident.
Selon la police de Dacca, 17 personnes ont été arrêtées en lien avec les attaques contre les deux quotidiens.
Des milliers de personnes étaient descendues dans les rues de Dacca après l'annonce du décès du leader étudiant.
Le déferlement de violence lors de ces manifestations a été dénoncé par les organisations de défense des droits humains et les médias, qui ont accusé le gouvernement du prix Nobel de la Paix Muhammad Yunus de n'avoir pas réussi à empêcher les émeutes.
Les sentiments anti-indiens ont été en partie alimentés par des informations non confirmées selon lesquelles les assassins de Hadi se cachaient en Inde.
Mahfuz Anam, rédacteur en chef du Daily Star, a déclaré que les intimidations à l'encontre de la presse avaient atteint un niveau dangereux.
"Nous avons vu sur les réseaux sociaux des messages appelant à traquer à tuer à leurs domiciles les journalistes du Daily Star et de Prothom Alo", a-t-il dit.
"Ce ne sont plus des opinions. Ce sont des menaces de mort", a-t-il souligné.
Des membres d'associations et de partis politiques se sont joints lundi à la manifestation des journalistes.
"Nous devons stopper et résister à cette forces destructrice", a déclaré à la presse Mirza Fakhrul Islam Alamgir, secrétaire général du Parti nationaliste du Bangladesh (BNP opposition).
D.Ryan--IP